Alix Bourgeron : “Je pense que la passion et l’envie sont plus importantes que tout”
Rencontre avec Alix Bourgeron, une jeune comédienne et assistante directrice de casting qui nous parle ici de passion, d’espoir et des difficultés que l’on peut rencontrer dans ces métiers.
Comment choisit-on de devenir comédienne ?
Ça dépend de chacun. Me concernant, c’est ma marraine qui m’a donné le goût du spectacle quand j’était petite. Vers six ou sept ans, je me suis dit : “Elle est payée pour faire marrer la galerie, je veux faire pareil !”. Je me souviens être allée la voir au Café de la Gare, c’était ma première fois au théâtre, et je les ai tous vus sur scène comme une famille, j’ai trouvé ça génial.
Après mon bac, j’ai naturellement fait une école d’arts appliqués, puis de cinéma. Après avoir lâché 30 000 euros et perdu 5 ans, je me suis rendu compte que je ne voulais vraiment pas faire ça mais que je voulais être comédienne. J’ai eu la chance d’être toujours soutenue par mes parents. J’ai donc suivi la formation du Laboratoire de l’Acteur. J’ai alors découvert ce métier de passion, qui est aussi très anxiogène et imprévisible, et j’ai vite compris qu’il fallait trouver un autre métier en parallèle.
En août 2017 s’est présentée cette opportunité de travailler sur le casting de l’émission Les Marseillais, et j’ai alors découvert le métier de directrice de casting. C’est un métier génial également : tel un chasseur de tête, tu dois repérer des gens pour construire un programme ou un projet, un peu à la manière de RH artistiques.
Pour vous, quel est le métier le plus passionnant entre celui d’actrice et de directrice de casting ?
Je dirais la comédie. Je ne suis pas encore assez demandée pour en vivre mais si je pouvais, je ne ferais que ça ! Directrice de casting comme travail “alimentaire”, c’est génial. Ça ne me passionne pas autant que la comédie mais c’est aussi beaucoup moins angoissant. Je lis des scénarios, je suis en contact avec des réalisateurs, donc c’est très enrichissant et complémentaire de mon métier de comédienne. Puis ça me permet aussi de désacraliser l’exercice du casting, qui est extrêmement stressant en tant que comédienne. Et comme je m’y confronte souvent, j’ai énormément d’empathie pour les comédiens à qui je fais passer des castings. Pour répondre à la question initiale, je ne suis pour l’instant ni une très grande comédienne, ni une très grande directrice de casting, donc si je peux continuer à faire les deux, je le ferai. Mais à choisir, si je pouvais être uniquement comédienne, je ne ferais que ça.
En tant que comédienne, comment garde-t-on espoir ?
C’est une bonne question. J’ai tourné pour M6 récemment et j’ai passé la journée à attendre. Je me suis alors dit que si on me demandait ce que je faisais dans la vie, je pouvais répondre : “J’attends”. J’attends de passer des castings, j’attends des réponses, j’attends de tourner… Et même quand je tourne, j’attends de passer devant la caméra or moi, je suis la femme la plus impatiente de France. Mais je pense que la passion et l’envie sont plus importantes que tout donc pour garder espoir, il faut avoir des piliers d’ancrage dans ta vie. En ce moment, j’écris une série et je ne peux compter que sur moi. Alors oui, j’ai peur que ça ne se fasse jamais et d’avoir passé des mois dessus pour rien, mais ça me permet aussi de me dire que c’est un projet qui ne dépend que de moi et que je n’attends personne.
Plusieurs fois, vous avez parlé de l’angoisse dans ce métier. Comment décririez-vous ce stress permanent ?
Simplement : ça vient de l’attente et du rejet, de la peur. Il faut savoir accepter le vide et l’imprévu. J’ai tendance à être carrée sur certaines choses de ma vie pour contrer cela car dans ce métier, la notion de vide et de rejet est très présente. Parfois, on peut ne pas travailler pendant 6 mois. On ne sait pas ce qu’il peut se passer. Et encore, moi j’ai la chance d’avoir un agent et d’être intermittente du spectacle, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Il faut vraiment que chacun trouve son équilibre. C’est un mode de vie très particulier. On n’a pas d’horaires, pas de collègues… ça ne convient pas à tout le monde.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans cette voie ?
Je trouve cette question compliquée car il n’y a aucun parcours similaire et il n’y a pas de parcours type. Je leur dirais simplement de se créer un réseau, une petite famille avec qui monter des projets. Moi, j’ai rencontré des gens avec qui on a fait des vidéos, des sketches, on a écrit, joué… Le plus important selon moi c’est d’écrire, se mettre en scène sans attendre qu’on vienne te chercher.
Propos recueillis par Hiba Bennani
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